Je me marie bientôt avec un Japonais et je suis très heureuse avec lui. Comme il a passé vingt ans de sa vie loin du Japon, expatrié dans divers pays, il voit très peu sa famille. Je trouvais tout de même qu'il rentrait très peu souvent au Japon par rapport à d'autres expatriés. C'est un peu difficile pour moi de parler de cette ombre au tableau, d'autant plus qu'il serait furieux d'apprendre que j'en ai parlé à quelqu'un, mais c'est en train de prendre des proportions préoccupantes et j'aimerais bien avoir votre avis.
Il est issu d'une province éloignée où il est le seul à avoir réussi dans la vie. Du coup, à chaque fois qu'il rentre, il est tenu de donner de l'argent à sa famille. Pour ses parents je trouve ça normal, car ils sont âgés, mais il semblerait que sa soeur, ses neveux et ses nièces lui en réclament aussi, et apparemment de façon pas très élégante. Lui, ça le met très mal à l'aise. Il doit se sentir considéré comme une vache à lait...

Ce que je viens faire là-dedans ? Eh bien, c'est incroyable, mais apparemment ma future belle-soeur ne veut pas entendre parler de ce mariage, qui va bien entendu amoindrir son pouvoir d'achat, puisqu'il va bien fallloir désormais qu'il consacre son argent à sa femme, à savoir moi, et à ses futurs enfants. En plus, avant moi, il était avec une Occidentale qui, disons, avait mérité sa mauvaise réputation, et qui a donc bien "savonné la planche" avant mon arrivée. Il faut savoir qu'à cette époque il se voyait sans arrêt proposer des o-miai avec des Japonaises malgré le fait qu'il soit en couple. Alors s'il se marie avec une nouvelle Occidentale, ça va être chaud ! Ils n'ont pas l'air de comprendre qu'ayant passé la moitié de sa vie à l'étranger, il est normal qu'il n'ait rencontré que des étrangères... Mais comme le dit mon fiancé, "c'est dommage pour moi".
Heureusement, j'ai un appui de taille : ma belle-mère. Au téléphone, elle est adorable avec moi et en plus, elle est capable de voir que je rends son fils heureux. Nous avons prévu d'aller au Japon cet été pour la rencontrer. Mais cette rencontre n'aura pas lieu dans la maison familiale. En fait, il y a peu de chance que j'y mette un jour les pieds. Nous logerons dans un hôtel de la ville voisine pour ne pas faire parler les voisins et pour éviter un conflit familial. Ca me paraît normal avant le mariage, mais ça risque de se prolonger après... Même mon futur beau-père, vieux et malade, n'est pas au courant ; il paraît qu'il considère comme honteux (à la japonaise) ce genre d'union.
Ce qui me dérange surtout, c'est que si nous avons des enfants, il y a un risque qu'ils ne connaissent jamais leur famille japonaise, à part leur grand-mère... Mais qu'y puis-je pour l'instant ? Rien. Je comprends mieux maintenant pourquoi il souhaite passer le restant de sa vie à l'étranger plutôt que de rentrer au Japon. Ma première réaction a été assez vive car j'ai interprété tout cela comme un manque de respect à mon encontre, mais je me suis souvenue qu'à la manière japonaise, c'est moi qui dois me comporter avec respect envers eux et donc, accepter de me cacher si mon existence les hérisse.
Mon futur mari me demande d'accepter ces conditions et de le laisser s'occuper de sa famille. Il me dit que dans ma famille non plus ça n'a pas été évident : certes, mais il a été reçu et maintenant il est apprécié. Si je parviens à séduire sa mère (ce qui est dans la poche, d'après lui), alors peut-être qu'elle essaiera de préparer le terrain pour mon arrivée. Mais j'ai bien peur d'être condamnée à une certaine clandestinité. Je suis surprise et déçue car je ne pensais pas que c'en était à ce point. Je pourrais m'en moquer car après tout, nous n'avons pas l'intention d'aller vivre au Japon pour l'instant, mais moi qui adore le Japon et les Japonais, je trouve ça tellement dommage ! je suis fière de mon couple et j'ai du mal à comprendre qu'il puisse susciter ce genre de réactions.
Dans tout ça, je suis reconnaissante à ma belle-mère d'accepter de me rencontrer et de faire preuve de bienveillance à mon égard ; nous avons déjà échangé des cadeaux, je pense que c'est bon signe.
Vous qui êtes en couple avec un(e) Japonais(e), et avez connu cette situation, est-ce que ça s'est arrangé au fil des années ? Perso, je me sens vexée et un peu triste...
