Ayant trouvé très intéressant les Chroniques japonaises de N. Bouvier avant mon départ au Japon, j'ai commencé à lire Le vide et le plein, un regroupement de textes écrits durant son passage prolongé au Japon.
Avec le recul et mon expérience au Japon, ses "textes courts, scènes captées sur le vif, avec une précision de photographe" (cf. préface) me replongent littéralement dans l'ambiance du pays, c'est fascinant ! ... et un peu triste aussi ... (nostalgie oblige )
Je n'en suis encore qu'au début mais, grâce aux mots si bien choisis, je m'amuse à chaque page de voir retranscrit noir sur blanc des traces de mon vécu là-bas.
Voici quelques passages qui m'ont particulièrement amusés :
(C'est du vécu ! et plus d'une fois !)Le langage, (...) si vous ne parvenez pas à vous faire entendre d'une vendeuse à l'étalage, aucun espoir d'y parvenir avec le chef de rayon. (...) Il vous opposera une incompréhension hiérarchiquement renforcée. Il n'a en tout cas pas à s'aventurer dans des improvisations qui pourraient tourner à sa déconfiture. Ni à comprendre cette phrase japonaise que vous lui adressez, pourtant claire, mais qui contient trois fautes. Un garçon de course, une paysanne éméchée (...) comprendra par contre aussitôt.
Encore un pour le plaisir, (en tous cas le mien).Japon ; pays sans serrures, (...). Mais d'une autre manière, c'est tout le pays qui est fermé.
Certains critiqueront certainement cet extrait, s'appuyant sur des exemples de plats délicieux aussi bien pour les yeux que pour le ventre. Mais il faut quand même accepter que, en effet, souvent "rien dans le goût ne suggère que le corps s'en fortifie". En gros, quand on vient de Suisse, France où d'ailleurs où les plats sont riches et qu'on ressort du repas avec le ventre plein, on trouve en arrivant au Japon qu'il manque un petit quelque chose, du sel, des épices, au 定食 du jour.. (mais ça passe avec le temps et on se régale finalement )Il y a dans la saveur des plats japonais quelque chose qui masque leur valeur nutritive. C'est bon au palais, mais rien dans le goût ne suggère que le corps s'en fortifie (...) comme s'il était souhaitable que cet aspect fâcheux ne soit pas rappelé. (...). Il y a dans une brochure du Japan Travel Buro une phrase bien révélatrice : "The Japanese dishes are a pleasure for the eye." C'est d'ailleurs exact. Il y aurait comme de l'inconvenance à ce qu'ils soient aussi un plaisir pour la bouche.
Je vais m'arrêter là, histoire de ne pas recopier le livre et pour vous laisser encore des surprises qui vous rappellerons à vous aussi des souvenirs